LA PEAU CE TISSU EXTRAORDINAIRE DU VIVANT
Je tente de donner un aperçu succinct de la peau pour partager avec vous quelques connaissances parfois brodées de termes scientifiques indispensables dans l’approche culturelle sur cette partie du corps si banalisée et pourtant si complexe.
La peau est l’organe le plus grand du corps humain. Elle est l’interface avec le milieu extérieur (ce qui est hors du corps). Elle est composée de plusieurs couches et joue d’autres rôles que celui de barrière. La spécialité médicale traitant de la peau et de ses affections est la dermatologie. Essayons ensemble de découvrir sa structure en partant de sa base c’est-à-dire à partir de sa couche la plus profonde, comme dans le cas de la construction d’un mur. Pour cela on imagine la fondation enfouie en profondeur dans le sol. En ayant cette image on comprendra l’utilité de la structure de la peau.

Donc de bas en haut nous avons :
1 / L’hypoderme
L’hypoderme est une couche adipeuse : c’est là que se stocke la graisse. Dans notre comparaison avec le mur, l’hypoderme se trouvant sous le derme, est la fondation en béton sur laquelle il y a la ferraille et d’où partiront les rangées de briquettes. L’hypoderme est traversé par les vaisseaux et les nerfs allant dans le derme.
L’hypoderme joue plusieurs rôles grâce à sa graisse :
– il sert d’amortisseur entre le derme et les os
– c’est un Isolant thermique : il permet de garder constante la température interne tout en luttant contre les fluctuations des intempéries externes
– il modèle la silhouette de l’individu en fonction de l’âge, du sexe et de l’état nutritionnel du corps
– il a un rôle énergétique : en cas de besoin le corps puise dans le stock de graisse et le transforme en
énergie.
2 / Le derme
Le derme est la couche qui vient tout de suite après l’hypoderme (dans la construction de notre mur imaginée). C’est la couche la plus large. En effet il fait quatre fois l’hypoderme. C’est donc l’essentiel de « notre mur » car c’est là que se fabriquent les cellules qui vont remplacer les cellules mortes. En outre on y trouve d’autres éléments : en profondeur un réseau de fibres élastiques très dense, des cellules qui fabriquent ces fibres élastiques et des cellules qui assument les réactions immunitaires de la peau (c’est le système de défense). Le derme est riche en terminaisons nerveuses et en vaisseaux sanguins dans sa partie superficielle. Au niveau du derme (et de l’hypoderme) nous trouvons également :
– Les glandes sudoripares eccrines qui fabriquent la sueur liquide
– Les glandes sudoripares apocrines responsables de l’odeur corporelle
– Les glandes sébacées qui fabriquent et secrètent le sébum, film hydrolipidique qui protège l’épiderme comme une crème.
– Les follicules pileux des poils et des cheveux, associés à une glande sébacée.
3 / L’épiderme
C’est la partie la plus mince de « notre mur » mais il est très important. Il constitue la partie la plus superficielle de la peau.
L’épiderme est semi-perméable : en situation normale il ne se laisse pas traverser par n’importe quoi. Malgré sa minceur l’épiderme est subdivisé en cinq couches qui sont, de bas en haut :
– une couche basale, la plus profonde de l’épiderme. Elle assure la régénération continue de la peau grâce aux divisions cellulaires : les cellules produites migrent progressivement vers les couches
supérieures tout en subissant diverses transformations. Cette couche basale est composée de trois types de cellules :
– les kératinocytes, remplis de kératine (protéine des cheveux et des ongles) et de lipides
– les mélanocytes, qui produisent la mélanine responsable de la pigmentation de la peau
– les cellules de Langerhans, qui participent au système immunitaire de la peau
Les kératinocytes migrent progressivement vers la surface de la peau en subissant des
transformations qui aboutissent à leur mort. Ils deviennent ainsi des cornéocytes, sans noyau qui
composent la couche cornée. Perpétuellement des cellules s’en détachent et sont transportées par la
sueur et le sébum
– une couche épineuse ou corps muqueux de Malpighi.
Ce sont des kératinocytes aplatis venant de la couche profonde et qui continuent leur migration vers la surface de la peau
– une couche granuleuse où commence l’évolution des kératinocytes en cornéocytes.
– une couche claire (ou brillante) située entre la couche granuleuse et la couche cornée.
– une couche cornée composée de cornéocytes, aboutissement des kératinocytes depuis la couche profonde et de lipides épidermiques.

Important à savoir :
– La couche cornée constitue une protection contre des agressions externes telles que la pollution, les rayons néfastes du soleil, le froid et la déshydratation.
– Les couches claire et granuleuse sont très acides sur leur partie la plus superficielle. Cette zone joue un rôle très important grâce à leur acidité : c’est la barrière de Rein (Monsieur Rein) qui assure l’imperméabilité de la peau aux liquides y compris l’eau.
– L’épiderme se renouvelle naturellement en 21 ou 28 jours. Mais dans certaines pathologies il se régénère plus rapidement. Par exemple dans le cas du psoriasis. Nous venons de voir ensemble le rôle capital que joue la peau en tant qu’organe et frontière vis-à-vis du monde extérieur au corps. Mais la peau assure aussi d’autres fonctions:
– elle joue le rôle de perception et de sensibilité grâce aux terminaisons nerveuses qui la tapissent
– elle participe au métabolisme par la régulation thermique (sudation) et la synthèse de vitamine D
– elle joue un rôle social : il existe un lien entre le psychisme et la caractéristique physique des individus
– elle assure le rôle de barrière hydrolipidique contre les bactéries et les espèces fongiques. J’ai voulu donner un aperçu clair et clairvoyant sur la peau pour montrer que malgré son aspect banal il faut que son intégrité soit préservée. Et c’est ainsi qu’il faut comprendre les conséquences des produits agressifs qui détruisent cette protectrice indispensable pour l’équilibre interne du corps et qui donne une satisfaction hédonique lorsqu’elle est bien traitée.